samedi 7 mai 2011

Ma bizness est un cas complexe

C'est bien beau ça, un blogue d'affaires. Mais est-ce que ça peut être bénéfique pour toutes les entreprises ?

C'est que, voyez-vous, ma bizness est cependant un cas complexe, et je sollicite votre aide pour m'aider à prendre une décision.

Voici ma réalité : je travaille en développement d'affaires pour une compagnie d'assurances, un domaine qui soulève rarement les passions. En gros, mon travail consiste à donner envie aux courtiers de nous vendre à leurs clients. Ma clientèle, les courtiers, représente donc un segment de professionnels qui ont l'opportunité de représenter, de « vendre » plusieurs compagnies d'assurances. Ces compagnies, que l'Homme moyen n'a pas l'habitude de porter dans son cœur, ont la réputation d'être plutôt monstrueuses et ce, même pour les courtiers. À prime abord, un blogue d'affaires représente ici une occasion en or de briser cette perception.

Mon éventuel blogue d'affaires, donc, me permettrait de diffuser mes concepts de vente, mes outils de prospection, mes avantages distinctifs, le tout en recueillant directement les commentaires et les suggestions des courtiers. On ne réinvente pas la roue, mais cette opportunité d'échange est plutôt rafraîchissante. Dans notre métier, nous nous abreuvons littéralement des commentaires de notre force de vente : être à son écoute nous permet de nous améliorer, d'innover, de réaligner le tir en cas de bourde.

Je suis catégorique : toute communication entre un courtier et nous est d'une importance capitale. Qui plus est, le flux de communication rendu possible grâce au blogue, accessible à tous nos conseillers, rend cet échange dynamique, contrairement à un commentaire platonique envoyé par courriel. Trop souvent, l'information pertinente créée lors d'échange de commentaires meurt instantanément, n'ayant pas eu le privilège de joindre un public plus vaste que l'émetteur du commentaire et son récipiendaire.

J'ai réellement envie de créer ce lien avec ma force de vente, je suis fermement convaincu que cela pourrait être un avantage par rapport à mes concurrents. En créant cette proximité avec mes courtiers, je solidifie ma relation d'affaires et j'investis. Comme le dit Jacques Nantel dans le livre Pourquoi bloguer dans un contexte d'affaires (un ouvrage que je vous recommande fortement !), « ...bloguer pour influencer est un travail de longue haleine. Le rendement du capital investi est rarement direct, mais devient payant à long terme. ».

Il y a aussi tout l'aspect « motivation » de notre travail : le travail de mes courtiers est difficile. Il ne sont pas particulièrement aimés par la société, et ils doivent se familiariser avec les procédures et les produits d'une tonne de compagnies. Nous sommes là pour les rassurer, pour les motiver et pour leur donner des trucs afin d'être plus efficaces dans leur travail. Je me dis que si l'information factuelle est disponible en ligne, et qu'il y a opportunité d'échange, je peux me concentrer davantage sur cet aspect lors de mes rencontres avec les courtiers :



Ça, ça fait une réelle différence dans la vie de mes conseillers et c'est ce qui est le plus valorisant. Nous capitalisons beaucoup sur cet aspect humain dans notre travail, qui est cependant plus souvent qu'autrement dirigé vers les produits, les clauses de contrat, les choses plates !

Mon segment de clientèle représente une problématique que je ne peux ignorer. Mon blogue d'affaires doit s'adresser aux courtiers et non aux assurés. En appliquant une restriction quant au public auquel je désire m'adresser, est-ce que je ne contreviens pas dès le départ à l'une des règles de bases du blogue, soit l'accessibilité universelle ?

Ce n'est pas que je désire cacher de l'information au public, loin de là. C'est plutôt qu'une compagnie d'assurances n'est pas la même chose, selon que l'on soit courtier ou client. Techniquement, on pourrait même dire sont deux compagnies différentes. Pour mon courtier, je suis un partenaire d'affaires, je suis un fournisseur de produits. Avec mon client, j'ai un lien contractuel qui a été vendu par l'entremise du courtier. On travaille différemment, selon que l'on œuvre avec le courtier ou avec le public, on passe des messages différents, on travaille à créer une perception qui est distincte.

Aussi, il y a toute une question légale à explorer. Vous avez peut-être entendu parler dans les médias d'individus malveillants qui ont terni la réputation des intervenants dans le secteur financier. Le (seul) bon côté de la fraude, c'est qu'elle force les autorités à mettre en place des processus de conformité rigoureux. Techniquement, l'Autorité des marchés financiers (AMF) a droit de regard sur tout ce que nous diffusons. Pour éviter toute mauvaise surprise, il faudrait donc que je fasse valider mon contenu avant de le mettre en ligne, et peut-être même les réponses aux commentaires reçus ! Aïe aïe aïe. Je répète : aïe aïe aïe.

Dans mon cas il y a donc des arguments des deux côtés :
  • Pour le blogue : humaniser la compagnie, créer un espace d'échange bidirectionnel, solidifier mes relations d'affaires, mieux connaître ma ma force de vente (segmentation).
  • Contre le blogue : public très ciblé, mélange dans les perceptions (clients VS courtiers), conformité.



Alors, selon vous, est-ce que je devrais travailler sur un blogue d'affaires ?

Ou peut-être avez vous un outil web 2.0 à proposer, qui serait plus pertinent pour m'aider à développer mon marché (clin d'œil, clin d'œil, GROS clin d'œil !!!) ?

4 commentaires:

  1. Les plus : La rédaction adaptée au web, le ton personnel, l’expertise apportée.

    Les moins : La couleur verte !

    :D

    RépondreSupprimer
  2. Personnellement, je ne pense pas que tu contreviennes à la grande "mission" du web collaboratif si tu restreins l'accès du blogue à des courtiers par l'entremise d'un compte utilisateur et mot de passe. On parlera alors d'un genre d'extranet. Dans ce cas, serais-tu forcé de demander à une validation à l'Autorité des marchés financiers?

    Mais, sinon, est-ce grave si le contenu est visible pour un client. Plusieurs blogues publics s'adressent directement à un groupe précis de gens. Toute la Toile y a accès, mais n'est pas nécessairement intéressée par le sujet. Le fait que des clients puissent intervenir ne pourraient pas être une perspective intéressante? (je parle à travers mon chapeau, je ne connais absolument rien à ton métier :))

    Mais je crois que tu es sur une bonne voie. Vive la communication bidirectionnelle ;)

    RépondreSupprimer
  3. Stephan,
    J’aime beaucoup le caractère personnel que tu as donné à ton blogue en créant un lien direct avec ta situation d’entreprise actuelle. Le dilemme auquel tu fais actuellement face n’est pas évident à régler car les arguments présentés sont assez solides autant au niveau des avantages que des inconvénients. Selon le portrait que tu fais de la situation, j’aurais par contre tendance à penser que le blogue d’affaires n’est pas le moyen idéal à utiliser pour communiquer UNIQUEMENT avec les courtiers, puisque tu ne peux pas limiter l’accès à ces usagers. Puisque tu veux limiter l’accès du blogue à cet auditoire, j’opterais davantage pour un moyen qui te permettrait de contrôler l’accès des utilisateurs. Si tu as un budget pour ce projet, tu pourrais par exemple utiliser un site de style intranet qui te permet de communiquer uniquement avec le public concerné. Chacun aurait un code d’accès lui permettant d’accéder à l’information qui le concerne. Si tu as un budget plus restreint, tu pourrais créer un groupe privé sur Facebook. Cela te permettrait de créer un réseau social avec tes courtiers tout en limitant l’accès aux usagers ciblés. Tu pourrais personnaliser le groupe en lui donnant un caractère plus professionnel que personnel.
    En espérant que mon commentaire va t’aider à solutionner ton problème.

    RépondreSupprimer
  4. @Thomas
    Merci pour ton commentaire ! Je suis curieux : quelle est ta couleur favorite ?! C'est vrai que le vert fait un peu tableau d'école... ;)

    @Annick
    J'éprouverais un malaise à ce que les clients aient accès à toute l'information, et ça n'est pas parce que j'ai quelque chose à cacher. Je prends par exemple le domaine du droit : le code civil est accessible à tous mais la mécanique n'est connue que par les avocats et autres intervenants juridiques. De mon côté, l'info de base sur mes produits est déjà disponible sur le web mais la mécanique dans la conception des produits et dans le processus d'offre sont plutôt réservées aux professionnels. Ça n'est pas du tout de mauvaise foi, je tiens à le préciser. Merci pour ton commentaire !

    @Julie
    Heureux d'être sur la même longueur d'ondes que toi. C'est suite à ton commentaire que je me suis renseigné sur les communautés web et que j'ai appris l'existence des wikis (voir nouveau billet publié à cet effet). J'ai la chance de travailler pour une grosse compagnie alors j'ai déjà des idées de grandeur pour le développement de mon projet ! Ton commentaire s'est avéré être déterminant dans ma prise de décision... merci !! :)

    RépondreSupprimer